L’étudiant en devoir de rédiger un mémoire ou une thèse éprouve, parfois bien avant d’y être directement confronté, la difficulté de la tâche, a fortiori lorsque le français n’est pas sa langue maternelle…
Il est d’abord question dans cet exercice, de se plonger dans un travail de recherche sur un sujet choisi et mûri. Mais il faut aussi se plier aux rigueurs, ou plus précisément aux codes de l’écrit académique. Ce que certains appellent également la rhétorique universitaire.
Il y a le produit brut de la recherche, qui est lié à l’enquête de terrain qui a peut-être été menée, ou aux théories énoncées dans le corps du mémoire. Mais ce produit ne se suffit pas à lui-même: il est nécessaire de lui donner corps à travers une argumentation claire, dans un style travaillé et dont l’ensemble soit persuasif, efficace (pour employer un terme emprunté à la communication). L’objectif est bien sûr de convaincre les lecteurs-évaluateurs que l’on retrouvera dans le jury de soutenance.
Par conséquent il faudra, pour parvenir à ce résultat, s’être approprié les structures linguistiques nécessaires.
Nous venons de pointer trois notions maîtresses (clarté, style et efficacité). Toutes trois sont interdépendantes, et il est nécessaire de les avoir à l’esprit tout au long de la préparation de son mémoire ou de sa thèse. Ce sont ces notions qui nous intéressent.
L’efficacité: On peut ici parler d’efficacité argumentative et joindre à cette notion trois capacités majeures dans l’art d’écrire un mémoire, apparemment évidentes mais pas toujours maîtrisées : les capacités à expliquer, justifier et décrire…
Le linguiste Dominique Maingueneau propose une définition assez simple de l’argumentation que l’on peut reformuler ainsi : Il s’agit de techniques de discours qui vont permettre de provoquer l’adhésion de ceux auxquels s’adressent ces discours aux thèses qu’on leur présente. Il s’agit donc bien ici de convaincre, d’être efficace, et pour ce faire, on utilise des moyens langagiers spécifiques.
Tout au long de son parcours universitaire, l’étudiant prend des notes, fait des lectures. Ce sont ces données qui vont l’aider à construire ces techniques de discours, ces structures linguistiques ou ces moyens langagiers et, peu à peu, ses capacités à expliquer, justifier, décrire et par conséquent argumenter.
Par ailleurs, un travail de recherche, a fortiori s’il s’accompagne d’une enquête de terrain, est le moment pour l’étudiant de présenter des faits. Or, expliquer, qui ne doit précisément pas être confondu avec justifier, consiste à trouver les causes et / ou les conséquences d’un phénomène, et ainsi pouvoir dire comment / pourquoi un phénomène en entraîne un autre. On peut aussi affirmer qu’expliquer consiste à présenter les enchaînements de cause à effet entre les faits. Justifier consiste en revanche à s’engager en présentant des arguments pour valider ce que l’on vient d’avancer. Quant à l’action de décrire, elle peut être ainsi définie: il s’agit d’exposer les éléments qui vont permettre de caractériser un fait au moment où il a été observé. Aussi, dans l’exposé de la recherche, la description précède toujours l’explication.
Toutes ces actions constituent les principales étapes du raisonnement qui se construit au fur et à mesure que se développent, par des arguments, les problématiques de recherche.
Le discours produit dans un mémoire est donc essentiellement argumentatif, un genre spécifique qui exige par conséquent l’emploi de moyens d’expression spécifiques. Or, il va falloir s’approprier ces moyens auxquels je ferai référence lorsque je parlerai, dans les articles à venir, de structures linguistiques …
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